Distribution
Avec : Philippe Canales, Céline Chéenne, Emilien Diard-Detœuf, David Guez ,Sophie Guibard, Eric Herson-Macarel, Karine Pédurand, Claire Sermonne, Abbes Zahmani. D’après Victor Hugo,
Adaptation Lazare Herson-Macarel et Chloé Bonifay
Mise en scène : Lazare Herson-Macarel
Scénographie : Margaux Nessi
Lumière : Jérémie Papin assisté de Thomas Chrétien
Son : Lucas Lelièvre
Costumes : Charlotte Coffinet
Régie générale : Marco Benigno
Collaboration artistique : Philippe Canales et Chloé Bonifay
Collaboration chorégraphique : Georgia Ives
Production
Compagnie de la jeunesse aimable, avec l’aide la Région Ile-de-France au titre de la Permanence Artistique et culturelle Coproduction : Le Figuier blanc, Argenteuil (95)
Résumé
Après avoir consacré un triptyque aux figures de la désobéissance et de la liberté ( F a l s t a f e , C y r a n o , G a l i l é e ) la compagnie de la jeunesse aimable s’attaque au monument de notre littérature que sont Les Misérables . Et ici, le verbe « s’attaquer » s’impose - car il s’agit de partager avec les spectateurs le roman dans toutes ses dimensions : questions sociales, histoire des âmes, espérance d’un changement. Modifier le regard porté sur la misère Dans la préface lapidaire qui précède Les Misérables , Hugo rappelle qu’il existe «une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers.» Il est pénétré depuis l’enfance de cette idée simple : la misère est un Enfer. Un Enfer qui, contrairement à celui de Dante, ne répond à aucune nécessité. La misère doit donc être combattue, et, mieux encore, elle doit être éradiquée. Hugo est animé à cet égard d’un sentiment d’urgence que cent cinquante ans plus tard nous partageons avec lui. Pour lui - comme pour nous - les questions sociales précèdent les questions politiques et doivent devenir une priorité collective. Quelles sont ces questions sociales ? C’est la misère qui n’épargne personne - pas même les enfants - et finit toujours par se muer en violence. C’est la dureté du régime pénal et carcéral qui refuse de s’interroger sur les causes premières de la délinquance. C’est l’exclusion, c’est l’isolement, c’est la détresse de celui ou de celle qui est privé.e du minimum. Malgré les acquis sociaux du XXe siècle, aujourd’hui largement menacés, ce combat contre la misère que Victor Hugo appelait de ses voeux est loin d’être gagné. Est-il seulement engagé sur le plan politique ? Aujourd’hui, en France, neuf millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, dont plus de 900 000 enfants, et les statistiques qui cherchent à rendre compte de cette réalité sont chaque année plus alarmantes. Ces chiffres recouvrent des expériences de détresse réelle. Il existe aujourd’hui encore d’anciens détenus qui peinent à retrouver une place dans la société, des mères célibataires qui tombent dans la misère, et des enfants maltraitées qui échappent à la vigilance sociale collective. Des enfers décrits par Hugo, aucun ne nous est étranger. D’où le choix suivant : l’action du roman est contemporaine pour lui ; elle le sera pour nous. Nous avons pris le parti de transposer l’action du roman dans notre histoire récente. Alors les luttes des personnages deviennent palpables, alors les injustices sur lesquelles nous fermons trop souvent les yeux apparaissent, alors notre conscience est interrogée. Rendre visible l’invisible Pourtant, notre projet n’est ni d’ordre documentaire, ni d’ordre social. Nous voulons donner toute sa place à la dimension poétique, lyrique, et même onirique, du roman de Victor Hugo. La grande magie propre au théâtre est de faire cohabiter le visible et l’invisible, l’âpreté du quotidien et la profondeur du rêve. De cette façon, nous créons pour le spectateur un univers instable, où la perception est troublée, où les énigmes restent sans réponses. Certaines péripéties du roman peuvent sembler totalement invraisemblables. Pourquoi Fantine laisse-t-elle Cosette aux Thénardier ? Pourquoi Jean Valjean sauve-t-il Marius ? Pourquoi Gavroche chante-t-il sous la mitraille ? Parce que toutes et tous - rêvent. Au sens hugolien du terme, c’est-à-dire au sens fort : toutes et tous sont agité.e.s de questions insondables, de crises de conscience, de visions cauchemardesques. Le plus célèbre chapitre du roman s’intitule « une tempête sous un crâne ». Ce sont ces tempêtes que nous voulons mettre au coeur du spectacle, pour faire plonger le spectateur dans les ténèbres de l’âme des personnages, et leur permettre de deviner quelque chose de l’extraordinaire complexité du lien entre le rêve et l’action. Le volcan Enfin, raconter l’histoire des Misérables , c’est réhabiliter l’espérance politique. Cet optimisme - certains diront « cette naïveté » - a été suffisamment reproché à Hugo, nous décidons de l’assumer entièrement. Comment peut-on faire naître, aujourd’hui, l’idéal d’une convergence de ces rêves innombrables ? Tous les personnages du roman suivent des trajectoires de misère, c’est-à-dire de solitude. Isolés les uns des autres, chacun et chacune lutte contre son propre naufrage dans des espaces toujours plus étroits, toujours plus secrets, toujours plus privés de lumière. Ils s’affrontent à un monde qui les oppresse, se débattent dans la lutte contre la misère qui les broie, se dissolvent dans un combat inégal - y compris physiquement, comme quand Fantine est contrainte de vendre ses cheveux et ses dents. Et pourtant ces êtres solitaires se retrouveront. Leurs luttes convergeront, et aboutiront à l’émeute, puis à l’insurrection, à la révolution peutêtre ? Cet espoir politique est porté dans le roman par un groupe hétéroclite de jeunes républicains, qui veulent à tout prix renverser la monarchie de juillet, « refaire 1789 », et que cette fois la révolution ne leur soit pas confisquée. Comment franchir le pas qui sépare la souffrance individuelle de la lutte collective ? C’est une des grandes questions du roman, et c’est une des grandes questions de notre réalité politique contemporaine. Elle déterminera le mouvement global de notre spectacle. Hier comme aujourd’hui, la société est pareille à un volcan. Le corps social est comme une lave, qui souterraine, doit trouver le moyen de s’exprimer, de se frayer un chemin jusqu’à l’air libre. La barricade, c’est le cratère. Chaque fois que ce sera possible, nous associerons à la troupe du spectacle (dix acteurs et actrices professionnel.le.s) un groupe d’amateurs volontaires (une douzaine de participant.e.s de tous les âges) pour jouer les insurgés pendant l’entracte et au début de la deuxième partie.
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